A priori, on a l’impression qu’il est simple d’endosser le rôle de millionnaire et de l’assumer. En réalité, réaliser et gérer l’acquisition d’un gain important est parfois plus difficile qu’il n’y paraît. Pour cela, il existe des « nounous pour gagnants » à la Française des jeux (FDJ).
Les grands habitués de l’Euromillions semblent avoir un espoir résistant à toute épreuve. Mais résisteront-ils, eux, s’ils gagnent ? « Après le rêve vient la réalité, après le gain le temps de la richesse », c’est ainsi que s’ouvre le guide distribué par la Française des jeux aux heureux gagnants. Encore faut-il parvenir à garder les pieds sur terre. Durant les 60 jours dont le vainqueur dispose pour venir réclamer son gain, l’une des décisions qu’il devra prendre, c’est s’il garde l’anonymat ou pas.
Il semblerait qu’en France, les joueurs préfèrent la discrétion, alors qu’au Royaume-Uni, il est davantage coutume de crier haut et fort sa victoire. Par exemple, Chris et Colin Weir, bénéficiaires de 161 millions d’euros en juillet 2011, ont souhaité médiatiser leur histoire. « Nous aurions dû élaborer des mensonges pour nos proches. Nous ne voulons pas vivre comme cela », a expliqué Chris aux journalistes. Depuis, ils ont fait plusieurs dons à divers organismes caritatifs qui ont également profité d’une mise en lumière médiatique. Ce qu’il est important de souligner, c’est qu’au Royaume-Uni, l’assistance fournie au nouveau millionnaire ne tient que s’il ne réclame pas l’anonymat. En France, les choses ne fonctionnent pas de la même manière.
Un suivi personnalisé et durable
Depuis 1993, la Française des jeux a mis en place un service « relations gagnants », qui prend en charge les individus ayant remporté au moins 500 000 euros. « Chaque gagnant est affecté à un contact qui, d’une part, procède à la remise du gain et, d’autre part, offre un suivi personnalisé qui dure aussi longtemps que la personne le souhaite », explique Brigitte Roth, responsable de ce service, dans les colonnes de L’Obs. Il s’agit de leur donner des conseils pragmatiques et concrets, afin de gérer le présent et d’organiser le futur. « Les gagnants doivent, financièrement, prendre le temps de la réflexion […]. Humainement, il leur faut notamment rassurer leur entourage, apprendre à être serein face à leurs propres réactions et apprendre à accepter l’incroyable », indique-t-elle.
Les effets d’un tel événement sur l’individu sont variés et peuvent aller de l’euphorie à la tristesse. Cette phase de l’après-gain est plus ou moins longue, mais peut durer plusieurs semaines. Et lorsque l’on a pris conscience de la véracité de la chose, les interrogations affluent.
Comme abordé plus haut, avec l’anonymat vient la question du secret qui taraude la plupart des élus du hasard. D’où l’importance de leur expliquer la différence entre secret et discrétion. Le premier devient vite lourd à porter et à dissimuler, alors que la seconde solution permet une certaine tranquillité sur le long terme.
L’un des nombreux autres tourments récurrent est en lien avec leur progéniture. Comment va-t-elle réagir ? Les parents sauront-ils leur inculquer la valeur de l’argent et du travail ? Lorsque la richesse tombe du ciel, apparaît aussi la problématique du travail. Faut-il continuer alors qu’on n’a plus réellement besoin de ce revenu pour vivre. Qu’apporte le travail en dehors du salaire ? Il s’agit donc de se poser les bonnes questions, d’en parler, d’être écouté et conseillé.
Des ateliers pédagogiques
Comme il n’y a pas de chemin-type du gagnant, le service « relations gagnants » a mis en place plusieurs ateliers gratuits et non obligatoires, visant à aider ces nouveaux fortunés. En plus de la mise à disposition de documents pédagogiques, des « moments de convivialité » entre gagnants sont organisés, dans le but que chacun puisse confronter son expérience à celle des autres. Beaucoup se sont posé ou se posent les mêmes questions, ce qui peut aider chacun à relativiser, à prendre du recul et à ne pas se sentir seul dans cette situation spéciale. Ces rencontres répondent au besoin d’appartenance de chaque être humain et permettent de faire retomber l’anxiété qu’engendre le jackpot.
Il existe également des ateliers de formation à la gestion de patrimoine, leur permettant d’approcher l’univers de la finance et de l’immobilier. « On leur explique ce que sont des actions, des obligations, des placements à court, moyen ou long terme », détaille Brigitte Roth, sur Atlantico.fr.
Les gagnants de l’Euromillions peuvent aussi profiter de « journées-débats » organisées par des enseignants spécialisés tels que des docteurs en fiscalité, des maîtres de conférences ou encore des philosophes, des sociologues et des psychologues. Le but : échanger, penser ensemble et trouver sa manière de gérer sa fortune au mieux.
60% des gagnants profitent au moins une fois des services gratuits de la Française des jeux. Quant aux autres 40%, ils restent généralement en contact avec la FDJ, au cas ils ressentiraient un besoin d’aide, un jour.