N’en déplaise à ceux qui s’insurgent contre les réformes de l’orthographe en France, le fait est que notre langue évolue. La preuve en est que des mots de tous les jours n’ont plus du tout le même sens qu’à l’origine. Exemple avec l’aubaine, un terme qu’on aimerait bien utiliser à chaque fois qu’on joue ses grilles d’Euromillion, qui aujourd’hui signifierait qu’on a gagné à l’Euromillion.
« Quelle aubaine, j’ai gagné le jackpot avec les membres de ma communauté SuperChance100 ! » En disant cela, en fait, vous vous prenez un peu pour le Roi de France. En effet, l’aubaine en droit féodal français représente l’héritage qu’un étranger, l’aubain, laisse. Un aubain installé en France (ou ailleurs) n’avait pas beaucoup de droits. Par exemple, il lui était interdit de devenir fonctionnaire d’État, de laisser ou de recevoir un héritage, et il devait payer au seigneur de l’endroit où il s’installait le droit de chevage, comme les serfs, et le droit de formariage (l’autorisation de se marier). Quand il décédait, ses biens revenait par droit d’aubaine au seigneur. Cela représentait une manne financière conséquente, que le roi Charles VI a considéré lui revenant. Peu à peu, les aubains sont passés sous l’autorité royale, mais aussi sous sa protection, puisque des seigneurs traitaient les aubains avec autant voire moins de considération que des serfs.
Les droits de chevage et de formariage ainsi que l’incapacité à recevoir ou disposer gratuitement ont été ensuite transformés en taxes sous le règne d’Henri III, puis abolis lors de la Révolution. Finalement, le Code civil a rétabli sans le nommer le droit d’aubaine, en ce qu’un étranger doit payer une taxe pour hériter ou laisser un héritage en France.