Cela fait onze ans que le jeu de hasard estampillé Euromillions a mis le grappin sur une partie de l’Europe. Une petite partie, puisque dix pays y participent. L’instigateur de cette loterie géante ? La France. Retour sur une histoire qui a vu le jour le vendredi 13 février 2004.
Il existait déjà le très fameux Loto, depuis les années 30. De nombreux jeux de grattage, aussi. Mais rien qui n’était de taille à concurrencer les loteries américaines telles que le Mega Millions ou le Powerball, et leurs centaines de millions de dollars. C’est alors que Christophe Blanchard-Dignac, président de la Française des jeux (FDJ) de l’an 2000 à 2014, s’est attelé à bâtir un équivalent européen. Afin d’amorcer cette fédération autour du jeu d’argent, il est entré en contact avec de fervents aficionados : l’Espagne et sa loterie nationale « Loterias y Apuestas del Estado », ainsi qu’avec le Royaume-Uni et sa « National Lottery ».
Les trois État mettent sur pied la première loterie internationale du monde. Son « tirage baptême » est réalisé à Paris, le vendredi 13 février 2004. Les fondateurs de l’Euromillions n’ont pas résisté à la tentation d’insuffler une touche de superstition à l’entreprise.
Un premier jackpot de 10 millions d’euros ne tarde pas à être remporté, ce qui ne manque d’attirer les voisins. Le 8 octobre 2004, le Luxembourg, le Liechtenstein, l’Autriche, la Belgique, la Suisse, l’Irlande et le Portugal font leur entrée dans cette communauté atypique. Le tirage du plus grand jeu multi-États est proposé deux fois par semaine – les mardi et vendredi soirs – à quelque 200 millions d’habitants majeurs (ou d’au moins seize ans, au Royaume-Uni) de dix pays de la zone euro. La Française des jeux estime qu’un minimum de 20 millions de joueurs internationaux participent à chaque loterie. L’Hexagone, instigateur de l’aventure, est le deuxième consommateur de grilles d’Euromillions avec 15 millions d’accros (hebdomadaires, mensuels et occasionnels) et 22% de ventes de tickets, derrière le Royaume-Uni (25%) et devant l’Espagne (19%).
Chacun a entendu parler de l’Euromillions, mais tout le monde ne sait pas en quoi cela consiste. Les néophytes apprécieront sûrement une petite explication du jeu en règles. Il faut savoir que le jackpot représente au moins 15 millions d’euros. S’il n’est pas remporté parce que les bons numéros n’ont pas été découverts, il est remis en jeu et gonfle de tirage en tirage jusqu’à atteindre 190 millions d’euros. Que l’on joue en ligne, sur le site internet de la FDJ, ou dans un bureau de tabac où l’on va acheter son bulletin, les principes sont les mêmes.
On peut acheter une grille simple, à 2,50 euros, et cocher cinq numéros (de 1 à 50) puis deux étoiles (de 1 à 11). On peut aussi sélectionner l’option dite « Flash », en cas de panne d’inspiration ou de fétichisme. Des numéros seront alors inscrits au hasard sur le bout de papier. Les participants ont la possibilité de jouer jusqu’à dix grilles de cette manière.
Il existe également la formule « multiple », qui permet de miser sur davantage de numéros et d’étoiles (10 numéros et/ou 11 étoiles) afin d’augmenter ses chances de gagner. Les sommes jouées sont alors bien plus élevées et peuvent aller jusqu’à 945 euros pour neuf numéros et trois étoiles.
Depuis le 4 février 2014, un jeu additionnel à l’Euromillions a été mis en place en France uniquement (et à Monaco). My Million s’est greffé à son grand-frère à l’occasion des dix ans du jeu. Lors de chaque participation, un code est remis au joueur. La promesse de la FDJ ? « Un millionnaire garanti en France par tirage au sort, chaque mardi et chaque vendredi. » Avec cette nouvelle chance de gagner un million, la FDJ a misé sur une augmentation de la participation en démontrant la double accessibilité hebdomadaire au gros lot.
Le gain dépend des étoiles et numéros sélectionnés et, bien sûr, du nombre de personnes qui ont coché les mêmes cases. Les habitués se ruent sur le site internet de la FDJ – ou à défaut, attendent devant TF1 jusqu’aux alentours de 22 heures – deux fois par semaine. Cinq boules sont alors tirées au sort parmi 50 numéros, suivies de deux boules correspondant aux étoiles, parmi les onze existantes. Tout cela sous le regard affûté d’un huissier de justice.
Le verdict tombé, le ou les gagnant(s) ont 60 jours pour venir retirer leur butin (ce délai change selon les pays). Au-delà de ce délai, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Il est bon de noter que l’instigateur de ce jeu de hasard – la France, donc – est aussi le pays le plus chanceux avec 92 jackpots empochés. Cependant, le record de gain est détenu par un couple de Britanniques, Adrian et Gillian Bayford. Le 10 août 2012, ils ont joyeusement remporté 190 millions d’euros, soit le maximum possible. Le 24 octobre 2014, un heureux Portugais a réalisé le même coup.